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Critique des Trois Amours dans Classica par Jérémie Bigorie

february 2023

Fort d'une formation musicale et littéraire, Michel
Petrossian puise son inspiration aux sources de la
chrétienté. Cet album présente trois partitions
interprétées par Musicatreize, ensemble avec lequel
le compositeur collabore depuis 2015.Amourssidoniennes,d'après
une inscription dans une grotte funéraire, chante, en grec et/ou en
traduction française, l'absence de l'être aimé. L'instrumentarium
(quatre cors, deux altos, deux violoncelles et contrebasse) tisse un
environnement sonore venu du fond des âges, cependant que le
chœur d’hommes passe subrepticement en fausset, comme pour
conjurer la défection de la voix féminine. S'il ne présente pas la
même alchimie de timbres en raison de la formation a cappella,
Horaequidemcedunt...se distingue par sa prodigieuse orchestration
vocale. Petrossian réquisitionne rarement l'effectif de douze voix
mixtes dans sa totalité, prédilectionnant le traitement par groupes
ou les échappées solistes. Une esthétique proche du madrigal qu'on
retrouve dans les figuralismes de Chanterl'icône, « réanimation
musicale de l'image », en l'espèce En Toise réjouittoute la Création
du Crétois Franghias Kavertzas. Les différentes séquences puisent
à la liturgie byzantine mais aussi slave, arménienne et éthiopienne.
Roland Hayrabedian anime ce matériau brut, refondu et rallumé
à la flamme d'une prodigieuse forge chorale.